PhyloSex

PhyloSex - Evolution des déterminants majeurs du sexe chez les poissons

Yann Guiguen est le coordinateur Français de ce programme ANR-Blanc international

La reproduction sexuée est un des processus les plus conservés au cours de l'évolution avec des implications dans de nombreux domaines de la biologie, mais aussi de l’agronomie et de la santé humaine. Les mécanismes génétiques et cellulaires qui permettent à la gonade indifférenciée de se développer soit vers le sexe mâle ou femelle sont complexes et souvent très différents suivant les espèces. Ces mécanismes de détermination du sexe peuvent être soit environnementaux soit  génétiques, et ont de toute évidence évolués indépendamment et à plusieurs reprises au cours de l’évolution. Chez les espèces dont la détermination du sexe est strictement génétique de type monofactorielle simple, ces déterminants majeurs du sexe  qui sont portés par les chromosomes sexuels induisent un programme développemental qui conduit à la différenciation des testicules ou des ovaires. Jusqu'à présent, très peu de gènes déterminants majeurs du sexe ont été identifiés chez les poissons et les animaux en général. Les poissons sont des modèles particulièrement intéressants pour étudier l'évolution des systèmes de détermination du sexe et des déterminants majeurs. Comprenant environ la moitié des quelques 60 000 espèces de vertébrés, les poissons présentent une extrême diversité des systèmes de détermination du sexe avec des espèces à détermination purement génétiques et/ou influencées par des facteurs environnementaux. Les quelques gènes déterminants du sexe connus chez les poissons ne sont pas ou peu conservé. Ce renouvellement fréquent de ces gènes « maitres » peut être expliqué par l’évolution très rapide des chromosomes sexuels qui sont généralement peu différenciés chez les poissons. Ce projet a donc pour objectifs majeurs: (1) de chercher à identifier des déterminants majeurs du sexe potentiel chez de nombreuses espèces de poissons, et (2) de démontrer leur implication réelle comme déterminants sexuels chez un nombre plus réduits d’espèces. Pour répondre à ces questions, nous avons développé en amont de ce projet une stratégie à haut-débit (appelée « Rad-Sex »), basée sur l’utilisation des nouvelles techniques de séquençage, pour identifier des marqueurs génétiques spécifiques du génome mâle ou femelle chez de nombreuses espèces. Ces marqueurs génétiques seront ensuite utilisés pour isoler des candidats déterminants majeurs du sexe. Nous proposons de réaliser cette approche « Rad-Sex » sur 30 espèces de poissons (téléostéens et non téléostéens) choisis en fonction de leur position évolutive et de leur intérêt agronomique. Grâce à ces marqueurs génétiques « Rad-Sex » nous chercherons chez 10 espèces à identifier plus précisément les locus du déterminant majeur du sexe. Ceci sera réalisé entres autres par criblage avec ces marqueurs de banques de long fragments génomiques. Les clones isolés seront séquencés et analysés pour chercher des séquences codantes potentiellement candidates. L’expression de ces gènes candidats sera ensuite caractérisée  sur 5 espèces et 3  trois de ces gènes candidats déterminants du sexe seront choisis pour effectuer une caractérisation fonctionnelle par des techniques d’inactivation génique et de transgénèse. La découverte de nouveaux gènes déterminants majeurs du sexe sera d'une importance majeure compte tenu du très faible nombre d'espèces de vertébrés  chez lesquelles de tels gènes ont été caractérisés. D'un point de vue comparatif, ce projet aura également un impact considérable sur l'évolution des systèmes de détermination génétique du sexe chez les vertébrés en général et plus particulièrement chez les poissons, groupe dans lequel de nombreuses  questions relative à l’ évolution de ces déterminants majeurs restent sans réponse. Ce projet aura également d'importantes conséquences pratiques puisqu’il permettra rapidement d’envisager le développement de techniques de sexage moléculaire sur certaines des espèces étudiées dans ce projet qui sont d’intérêt économique ou environnemental. Ces techniques de sexage moléculaire peuvent être entres autres particulièrement  importantes pour les recherches en écologie et en éco-toxicologie,  pour une meilleure gestion des populations sauvages ou pour améliorer le contrôle du sexe en l'aquaculture.

Partenaires :

  • Yann Guiguen, Inra LPGP, Rennes, France
  • Manfred Schart, Université de Wurzburg, Allemagne - Coordinateur Allemand
  • John Postlethwait, Université Oregon, USA
  • Laurent Journot,CNRS MGX, Montpellier, France

Date de modification : 13 février 2023 | Date de création : 07 novembre 2013 | Rédaction : Yann Guiguen